Un brin d'étymologie et de botanique

Le nom botanique de ces plantes, Hemerocallis, provient du grec ἡμέρα (hemera) = jour et καλός (kalos) = beauté, désignant des “beautés d'un jour”, chaque fleur ne durant qu’une journée.Auparavant classées dans la famille des Liliaceae (celle des lis) les hémérocalles font aujourd'hui partie des Xanthorrhoeaceae.Une quarantaine d'espèces botaniques, essentiellement originaires d'Asie, sont répertoriées. Presque toutes sont de couleur jaune, quelques-unes sont de couleur fauve ou orange et quelques variétés sont roses.On a peine à imaginer qu'elles sont la base des milliers de cultivars, extrêmement variés, aujourd’hui présents dans nos jardins.

Des atouts multiples

Les hémérocalles sont des vivaces faciles. Leur longévité, leur rusticité et leur grande diversité de formes, tailles, périodes de floraison et couleurs sont quasi inégalables. Ces atouts nous offrent une multitude de façons et possibilités pour les intégrer dans nos jardins.La multiplication et l'hybridation des hémérocalles sont devenues aujourd'hui une de mes activités principales. Je me suis souvent demandé ce qui m'a réellement amené à cette passion. Peut-être est-ce le coté éphémère, le côté féminin de leur fleur, une poésie sur mesure qui nous apporte un peu de légèreté, ou simplement un besoin de créer ?

L'hybridation

C'est certainement l'aspect qui me passionne le plus, le côté “défi” qui nous amène à chercher et à composer afin de trouver formes, couleurs et dessins encore inexistants. Il peut également s'agir d'introduire un nouvel élément comme le parfum (présent chez quelques espèces et hybrides) ou une plus longue durée de floraison. C’est un peu un travail “à l’aveugle”, car il faut des années d’observation et de sélection avant d’avoir un résultat. Avec nombre de déceptions et plus encore de tris sévères.Bien que les possibilités soient illimitées, mes préférences vont plutôt vers les formes d'aspect champêtre, les étoilées, les “spiders” (littéralement : “araignées”) et les miniatures. Je ne méprise rien mais les plus naturelles restent mon fil conducteur car d'après moi, elles s'intègrent tout simplement plus harmonieusement dans nos jardins ou massifs paysagers.

 

Comestibles de la tête aux pieds

Toutes les parties (ou presque) de toutes nos hémérocalles, sans exception, se prêtent à être cuisinées : la fleur dans ses différents stades d'évolution (boutons jeunes et fermes, boutons avant l'éclosion ou bien fleur fraîchement éclose), les jeunes tubercules (racines charnues) et même les jeunes feuilles étiolées auparavant “façon endive”.

 

Pour quels lieux ?

Les hémérocalles conviennent pour les lieux ensoleillés et / ou partiellement ombragés. Elles s’accommodent de tout type de sol mais préfèrent les terres fertiles qui retiennent une certaine fraîcheur. Les endroits partiellement ombragés peuvent même être un atout, particulièrement durant les étés chauds car les fleurs à l’abri du soleil brûlant peuvent tenir plus longtemps; le feuillage gardera également plus d'éclat. Un bon ensoleillement durant la matinée (jusqu’à 13-14 h) est idéal.L’intensité et la nuance des couleurs ainsi que la solidité des fleurs peuvent varier selon l'endroit où elles poussent. L'exposition et les conditions météo durant la période végétative jouent également un rôle.Les lis-d'un-jour peuvent s’accommoder d’un sol pauvre et survivre aux stress hydriques importants. Cependant, dans de telles conditions, leur croissance et surtout leur floraison s'en retrouveront fortement restreintes. Les passionnés vous diront que les hémérocalles sont increvables, mais qu’elles aiment bien boire et manger.A propos de nourriture, il est recommandé de rediviser les touffes au bout de 5-6 ans et de les replanter dans un sol aéré et amendé afin de maintenir une floraison abondante.Toutes les hémérocalles font preuve d'une grande résistance au froid, allant jusqu'à -30°C. Cependant, les espèces et cultivars à feuillage caduc et semi-persistant comptent parmi les plus robustes. Il n'est pas rare d'ailleurs que le feuillage des formes persistantes nécessite d’être recoupé à la fin de l'hiver.

 

Petit lexique

Pétales : Les trois parties supérieures de la fleur ou corolle.Les pétales, selon la forme caractéristique de l’espèce ou cultivar peuvent être : plus ou moins : plats, ondulés, frisés ou frisottés, pincés, recourbés, spatulés, arrondis, lancéolés, vrillés...ou autres formes inhabituelles.
Sépales : Les trois parties inférieures de la fleur qui enveloppent le bouton avant l'éclosion.Sur les fleurs écloses les sépales se recourbent souvent en arrière. Ils sont en général plus étroits et moins colorés que les pétales.
Diploïde : classe génétique portant 22 chromosomes, présents à l'état naturel. Les fleurs sont en général abondantes, mais de petite ou de moyenne taille. Elles sont souvent plus fines que celles des tétraploïdes.
Tétraploïde : classe génétique portant 44 chromosomes, mutation obtenue par forçage génétique. La tige florale est souvent plus solide, les feuilles plus larges et les fleurs plus grandes et charnues. Sauf quelques rares exceptions, le croisement des deux classes ne peut pas produire de nouveaux hybrides.
Hémérocalle miniature : hauteur de la tige florale: entre 20 et 50 cm; diamètre de la fleur inférieur à 8 cm.
Hémérocalle de bordure : hauteur de la floraison jusqu'à 55 cm.
Grandes hémérocalles : hauteur de la floraison supérieure à 60 cm et pouvant aller exceptionnellement jusqu'à 1,80 m.
Cœur ou gorge : le creux au centre de la fleur où se rejoignent les pétales, souvent de couleur jaune, orange, chartreuse ou verte et de diamètre très variable.
Œil ou Halo : anneau autour de la gorge ou du cœur, de largeur et de forme très variables.
Spider ou araignée : la longueur des pétales est supérieure d’au moins 4 fois la largeur.
Fleur étoilée : forme de fleur simple proche des spiders. Les pétales et sépales sont étroits mais de longueur inférieure à quatre fois leur largeur.
Fleur ronde : fleur composée de pétales et sépales plus larges et arrondis, formant un ensemble rond ou ovale, sans espace entre eux.
Texture : aspect de surface des pétales et sépales : lisse, soyeux, cireux, satiné, mat, crayeux, velouté ou un ensemble de ces caractéristiques.

 

Quelques abréviations figurant au catalogue

H : Hauteur de floraison
D fl : Diamètre de la fleur
P fl : Période de floraison (la période et durée de floraison indiquées peuvent varier en fonction de la météo et de la situation géographique)
TH : très hâtif (début avril à mi-mai)
H : hâtif : de mi-mai à mi-juin
MS : Mi-saison : de mi-juin à mi-juillet
T : tardif, de mi-juin à mi-août
ET : période de floraison étalée
Les noms des hybrides décrits dans le catalogue sont suivis du nom de l'hybrideur, de l'année d’enregistrement (ou, si non enregistré, année de sélection) et de la classe génétique. Exemple : 'Ada May Music' (Lambertson 2003 – tetraploïde)

 

Le prix de la patience

Le premier élément déterminant le prix des plantes est leur vitesse de croissance ou plutôt, combien de nouvelles pousses elles produisent. Certaines en produisent une seule par an et d'autres dix ou plus. Cela se traduit par une différence notable de coût de production.L’autre élément important est le cas assez fréquent d'une nouvelle obtention. En effet, chaque création proposée à la vente est le résultat d'environ huit années d'observation et de sélection. Partant d'un semis, de graines obtenues par nos propres pollinisations, on peut voir apparaître les premières fleurs au bout de deux à trois ans. La phase suivante, la stabilisation, dure environ trois ans, c'est la durée minimum d'observation indispensable, durant laquelle on effectue également un travail de sélection. C'est donc seulement après cinq-six années que l'on commence à voir si la nouveauté est valable ou pas et que l'on décide si elle est suffisamment intéressante pour être multipliée. Il faut compter ensuite encore quelques années de plus pour arriver à en reproduire une certaine quantité destinée à la vente. Seule une très faible quantité (rarement supérieure à 0,5%) sera utilisée à ce but final.Ceci explique en quelques phrases le prix élevé d'une nouvelle création, et particulièrement durant les premières d'années de commercialisation.